le début
Bon, il faut bien une première entrée. Une première publication. Sur une nouvelle plateforme.
Au secondaire, j’avais un LiveJournal. J’y ai trouvé des amies internet, certaines avec qui je suis encore en contact à ce jour. À mon école, je parlais à tout le monde, mais je n’étais pas particulièrement proche de personne. Mes vraies amies allaient à la polyvalente ou à l’école de musique. Moi, j’allais à l’école de filles. J’étais ok avec ça, mais rendu à la 5e année d’isolation, j’étais pas mal tannée de me sentir incomprise, alors j’allais passer chaque midi dans le local d’art plastique à faire toutes sortes de projets personnels. On pouvait payer un frais pour l’année, qui donnait accès à tout le matériel possible: aquarelle, céramique, sculpture, plâtre, gouache, etc. Mais quand j’ai eu un compte LiveJournal, j’ai commencé à vouloir utiliser un ordinateur sur l’heure du dîner. Je me rendais donc à la bibliothèque, où j’écrivais des entrées de journal. Ou encore, je consultais les publications de mes amies américaines, des liens que j’avais tissé en passant du temps sur un forum de discussion sur mon band préféré de l’époque, The Dresden Dolls.
Ensuite, j’ai eu une page MySpace. Je rentrais tard du Cégep le soir, car je n’avais pas internet à l’appartement que je partageais avec deux autres filles de mon programme avec qui, encore une fois, je n’avais pas grand chose en commun. Je passais des heures à écrire à des inconnues au profil MySpace scintillant et c’est d’ailleurs comme ça que j’ai rencontré une personne qui a été vraiment importante dans ma vie, jusqu’à ce qu’elle meure à 27 ans (une longue histoire). C’est aussi sur MySpace que je découvrais des groupes de musique: Metric, Uffie, Justice, New Young Pony Club, Call Me Poupée, les Breastfeeders, Pony Up, The Islands, Sky Ferrera, Deer Hoof, Ratatat, CSS… ce qui m’a fait acheter un billet pour le tout premier Osheaga, dans le temps qu’une passe pour la fin de semaine coutait 100$.
Plus tard, j’ai eu plusieurs Tumblr, où là encore l’esthétique était pour moi aussi importante que le contenu. Je passais de longues heures à modifier le look de mes pages, allant du layout aux couleurs, en passant par des choix d’images qui correspondaient à mon esthétique.
Tout le temps, toujours, sur le web, j’étais la première à vouloir essayer une nouvelle plateforme: Skyblog, Twitter, Lookbook, We Heart It, Ask FM, NewHive, et c’est certain que j’en oublie plusieurs (j’ai un souvenir flou d’une plateforme sur invitation qui était vraiment simple et blanche…? Mystère!)
Dans les dernières années, j’ai comme pris un break de m’exposer en ligne. Je veux dire, je ne me suis pas cachée, je n’ai jamais disparu de Facebook ne serait-ce qu’une seule fois, je n’ai jamais effacé mon profil Instagram ou mis un terme à toute autre présence fantôme dans un recoin online… Non. J’ai juste arrêté un peu de me tenir à jour dans ce qui sortait de nouveau comme outils. Et sur les platformes déjà existentes, j’ai publié moins souvent, même pour de l’auto-promotion. Je n’avais juste pas envie d’être vue. D’être mise à nue, encore une fois, et pourquoi? C’est la question qui me hante après toutes ces années passées à me dévoiler: à quoi bon? Je n’ai pas trouvé de réponse qui colle précisément aux raisons de mes épenchements online. Avant, je le faisais et c’était tout, je ne me posais pas de question. Mais il fallait bien que le doute arrive un jour, que l’envie de me cacher me retrouve dans un retour de balancier inévitable. Overexposed, underexposed, gosser pour trouver le milieu, repeat.
Récemment, quand Threads est arrivé, je me suis créé un compte et j’ai tout de suite regretté. Une affaire de plus, j’ai pensé. Je n’ai pas vraiment publié de contenu là-dessus, depuis.
Le fameux CONTENU. Cette fascination mercantile pour exploiter des idées, tout le temps, partout. Ça aussi, ça y est beaucoup pour mon écoeurantite de me dévoiler. En tout cas. Je m’égare; je voulais juste faire une publication d’introdution sur Substack. Mais pourquoi, justement, me lancer sur Substack?
Je veux dire, ça fait longtemps que j’y songe. Ce n’est pas parce que je n’étais pas dans vos emails que je n’avais pas considéré me partir une newsletter. Je suis moi-même abonnée à plusieurs newsletters sur Substack et Patreon. C’est plus que j’avais envie de garder mes pensées pour moi. Pour moi ou pour la page: j’ai publié un livre en février dernier et j’en ai un autre en cours. D’ailleurs, c’est plus difficile qu’avant d’écrire, pour moi. Pour toute ces raisons en lien avec la mise à nu, le dévoilement, les questionnements.
Sauf que voilà, le livre que je suis en train d’écrire est un peu plus décollé de moi. Le sujet est circonscrit à un lieu et une période précise. Je ne veux pas trop en dire. Mais à travers l’écriture de ce livre qui est résolument moins fluide que ce qu’elle pourrait être, j’ai constamment des pensées intrusives sur AUTRE(S) CHOSE(S). Écrire. Sur des choses. Écrire pour juste sortir ça de moi. J’espère donc qu’une fois ici, en format journal-newsletter, ces choses puissent arrêter de m’alourdir et de me ralentir dans mon processus d’écriture du LIVRE. Comme un compartiment, un plat Tupperware. Je veux libérer ces pensées pour écrire sur autre chose. Écrire pour écrire, écrire pour procrastiner, écrire pour avancer.
Bienvenue dans mon plat Tupperware avec une belle étiquette en Post-it sur laquelle on peut lire: AUTRE.
Ici, c’est un endroit web comme il y en a eu d’autres avant. Il y en aura toujours d’autres. Je ne peux pas parler de fréquence ou de direction précise, pour l’instant. À suivre. Merci de me lire.